Communiqué-Médias et Démocratie

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Communiqué

Jamais les idées et les responsables politiques de l’extrême droite n’ont été aussi proches des portes du pouvoir en France. Face à cette alarmante réalité, nul besoin de cours d’histoire comparée pour savoir à quel point ce type d’idéologie menace les libertés d’expression en général, et en particulier celle des journalistes. Quel sera l’état du paysage médiatique français si le Rassemblement National (RN) arrive en tête aux prochaines élections ? Dans le détail, nul ne le sait. Mais dans les grandes lignes, l’avenir qui se dessinerait alors est prévisible : privatisation du service public de l’audiovisuel, nominations discrétionnaires, pressions sur les journalistes, entorses à leur indépendance et liberté de ton.

Mais cette possible régression de l’espace médiatique français ne concernera pas seulement les journalistes de l’Hexagone. Elle ne manquera pas aussi, par effet de contagion, de frapper nos confrères et consœurs dans le monde, et en particulier celles et ceux qui portent l’étendard du journalisme en Afrique. Les positions de la France en matière de coopération, d’aide publique au développement, d’immigration et de politique étrangère vont fatalement s’aligner sur cette idéologie extrême si elle est intronisée à Paris. Procès d’intention ? Des objectifs ont d’ores et déjà été clairement annoncés par les cadres du RN.

De là à voir une partie de l’État français soutenir, plus que jamais, des régimes autoritaires en Afrique, voire encourager d’autres dirigeants politique à accéder au pouvoir dans leurs pays, il n’y a qu’un pas. Vladimir Poutine, financeur avéré du RN, n’a-t-il pas manœuvré en ce sens, sur le continent, depuis plus de dix ans ? Avec les conséquences que l’on connaît : bâillonnement des journalistes, fermetures de médias, incarcération arbitraires, disparitions… Autant dire la mise au pas des médias, mais aussi de l’ensemble des actrices et acteurs des sociétés civiles africaines déjà largement cadenassées. Sans oublier le dévoiement probable de divers outils de contrôle – créés par l’Europe et la France -, comme le dispositif Frontex ou les fonds alloués à certains États africains pour lutter contre les migrations.

Pour toutes ces raisons, les journalistes doivent, de part et d’autre de la Méditerranée, au Nord comme au Sud du Sahara, coopérer et dénoncer ces nouveaux risques qui menacent leur indépendance. La plateforme afro-européenne Médias & Démocratie (M&D) – avec 22 de ses partenaires (en Afrique et dans l’Hexagone) -, appellent les électeurs français à un vote citoyen et responsable. Barrer la route à l’extrême droite n’est que la première charge d’un combat de tous les journalistes. Relever dès maintenant ce nouveau défi est la seule façon de défendre la liberté de la presse et l’expression libre de tous, en Afrique comme en France.

 

VINGT-DEUX ET-UN médias, écoles de journalisme et organisations civiles issus de 7 pays soutiennent ce texte :

Médias & Démocratie (M&D) – Institut des Afriques (IDAF) – Le Réseau International des Femmes
RIF (Sénégal) – Les deux sections de l’UPF (Union de la Presse Francophone) en Tunisie et au Gabon,
Le Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN) – Le Groupe Avenir Média (Mali),
The Gambian Press Union – GPU (Gambie) ; Afrique XXI (France) – Mali24.info (Mali),
Le Quotidien de Nouakchott (Mauritanie) – L’Évènement (Niger), Échos du Nord (Gabon) – Africa54 (France) Radio OxyjeunesFM (Sénégal) – Échos du Nord (Gabon) – Flash W’hebdo (Gabon) – LeReflet (Mauritanie), Impact.sn (Sénégal) – L’Investigateur (Mali ) – La Voix de Djibouti (LVD) – Le National Magazine (Comores).

 

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